La plupart des céphalées prennent leur origine au niveau des vertèbres cervicales. Les manipulations d’un ostéopathe peuvent aider à les atténuer.
Dans l’apparition des maux de tête, le nerf trijumeau joue un rôle central. Son noyau d’origine descend le long de la moelle épinière en regard des deuxième et troisième vertèbres cervicales C2 et C3. Il innerve les trois quarts du visage, certains vaisseaux sanguins du cerveau ainsi que les méninges.
Des contractures musculaires souvent à l’origine de l’irritation du nerf trijumeau
Lorsque ce nerf est irrité au niveau de ses racines, là où il émerge entre deux vertèbres, un signal douloureux est transmis le long de son trajet. « Une irritation sur le deuxième nerf cervical va déclencher une douleur projetée vers le front, les tempes, l’œil et la mâchoire. Une irritation sur le troisième nerf aura pour conséquence une douleur sur l’occiput ou le sommet du crâne », explique le Dr Norbert Teisseire, rhumatologue et membre de la Société française de médecine manuelle orthopédique et ostéopathique (SOFMMOO). Ce mécanisme est commun à la plupart des maux de tête classiques, comme les céphalées de tension, certaines migraines, les algies vasculaires de la face ou encore les névralgies d’Arnold.
Les dysfonctionnements vertébraux qui irritent les racines nerveuses ont souvent pour origine de mauvaises postures (au travail, sur la table d’opération lors d’une intervention chirurgicale…), de l’arthrose, un “coup du lapin” au moment d’un accident de voiture ou un choc à la tête. « En examinant la base du crâne et le cou, on va trouver des contractures musculaires caractéristiques qui correspondent aux vertèbres C2 et C3 à 95 % », précise le Dr Teisseire. Mais il faut, bien sûr, vérifier que ce mal de tête ne cache pas un problème sous-jacent plus sérieux, comme une tumeur cérébrale ou une affection vasculaire.
L’ostéopathie aide à réduire la prise d’antidouleurs
L’ostéopathie peut soulager des céphalées simples et, même, aider à réduire sa consommation de médicaments antidouleur.
Les gestes du professionnel au niveau du crâne et du cou vont « améliorer le drainage du cerveau, faire baisser la pression et libérer les tensions », dit Michel Sala, président de l’Association française d’ostéopathie. Mais, il peut aussi être amené à travailler sur d’autres zones, par exemple le diaphragme. « Des tensions au niveau de ce muscle peuvent remonter vers les muscles du cou également impliqués dans la respiration », observe Thibault Dubois, porte-parole du Syndicat français des ostéopathes.
Elle est efficace en deux séances pour les céphalées chroniques
La SOFMMOO estime que “le traitement cervical est utile pour 80 % des céphalées chroniques associées à un dérangement intervertébral mineur C2-C3”. En principe, deux séances suffisent à résoudre l’essentiel du problème. « En présence de signes cervicaux, on travaille délicatement, assure le Dr Teisseire.
- Lors de la première séance, on teste la réactivité de la personne par une préparation musculaire et une mobilisation douce.
- Dix jours après, lors de la deuxième séance, on traite par d’autres manipulations. Les résultats doivent être rapides. »
Si le patient ne va pas mieux au bout de deux séances, il faut remettre le diagnostic en cause. Si l’amélioration est rapide dans le cas des céphalées de tension, Thibault Dubois reconnaît qu’elle est plus longue et plus difficile à obtenir pour certaines migraines.
« La physiopathologie de la migraine est très compliquée et fait encore l’objet de recherches. Un ostéopathe ne peut pas prétendre la guérir. Néanmoins, nous pouvons lever les tensions musculaires. Cela va abaisser le seuil de déclenchement de la douleur et réduire notablement la fréquence et l’intensité des crises », conclut-il.
Deux précautions avant toute manipulation des cervicales
Manipuler les cervicales n’est pas anodin. La pratique est sérieusement encadrée.
- Prendre un avis médical. Depuis 2007, un décret encadre l’ostéopathie quand elle est pratiquée par des personnes qui ne sont pas médecins. Ce texte instaure l’obligation d’un avis médical avant toute manipulation du rachis cervical. « La manipulation, c’est une manœuvre unique et rapide, aux limites du jeu physiologique de la vertèbre et qui peut provoquer un bruit de craquement. Elle peut être utilisée pour certaines céphalées. Mais la règle, c’est plutôt de pratiquer des mobilisations cervicales, des gestes répétés avec plus d’amplitude », explique Thibault Dubois. Cet avis médical permet de vérifier qu’il n’y a pas de risque de dissection d’une des artères vertébrales irriguant le cerveau.
« Nous ne manipulons pas les personnes qui ont les artères fragiles, par exemple celles qui souffrent d’athérosclérose (artères bouchées par des plaques d’athérome, N.D.L.R.), ou encore les jeunes femmes fumeuses sous pilule », insiste Thibault Dubois qui cite le chiffre d’un accident pour 7 millions de manipulations.
- Effectuer une radiographie. Les médecins pratiquant l’ostéopathie exigent une radiographie des cervicales avant d’intervenir sur le patient. « Cette dernière permet d’éliminer une pathologie osseuse, malformative, voire neurologique », explique ainsi
le Dr Norbert Teisseire. Chez les ostéopathes non-médecins, cet examen n’est pas demandé de façon systématique. Michel Sala estime, néanmoins, qu’elle est « obligatoire en cas de traumatisme ».