Prise de poids, douleurs chroniques, fatigue… sont autant de signes de l’accumulation de toxines dans l’organisme. Pour les éliminer, l’ayurvéda, une médecine traditionnelle indienne, repose sur une alimentation ultra-digeste et ajustée à la physiologie de chaque individu.
La médecine ayurvédique est originaire de l’Inde ancienne et remonte à plus de 5 000 ans. Elle intègre des massages, des remèdes naturels et une diététique particulière. Le régime ayurvédique associe le corps, l’âme et l’esprit. Son objectif est le retour à l’équilibre et la prévention des pathologies, y compris des affections chroniques.
Un surpoids, des cheveux ternes, de la fatigue… montrent que le mode de vie actuel ne convient pas à l’organisme. À commencer par l’assiette : “Une bonne santé repose sur une bonne digestion, souligne Claire Cascalès, praticienne ayurvédique. Avoir un bon feu digestif (Agni) permet à l’organisme d’absorber, d’utiliser et d’éliminer selon ses besoins. »
Si ce feu est perturbé, on assimile mal, on stocke et, surtout, on fabrique des toxines. “Ces toxines (Ama) sont constituées d’aliments non correctement digérés, explique Fabien Correch, praticien ayurvédique. Non transformées, elles encrassent l’organisme année après année.” Pour se débarrasser de ces toxines, la diététique ayurvédique vise à rétablir une bonne digestion.
“Pour cela, il est primordial d’alléger son alimentation, insiste Claire Cascalès. Il faut aussi éviter tout ce qui agresse le système digestif : aliments glacés ou brûlants, excès de crudités, repas pris à la va-vite…”
Et comme tous les individus ne digèrent pas de la même façon, le contenu de l’assiette doit aussi s’adapter aux spécificités de chacun. “Il faut choisir son rythme, ses aliments, ses modes de cuisson… en fonction de la constitution ayurvédique dominante”, insiste Falguni Vyas, spécialiste de la diététique ayurvédique.
Suivez les grands principes de l’ayurvéda pour rééquilibrer le feu digestif et ainsi mobiliser les toxines accumulées pour vous alléger rapidement et durablement, et être en paix avec votre ventre.
Soignez vos repas
L’ayurvéda insiste sur l’écoute de l’organisme et le respect de ses besoins. “Il ne faut manger que lorsqu’on a faim, indique Fabien Correch. C’est le signe que tout le système digestif est prêt à recevoir la nourriture et qu’il va la digérer et l’assimiler de façon optimale.”
Pour faciliter la digestion, il est essentiel de manger assis, dans le calme, sans stimulations extérieures ni discussions animées : en diététique ayurvédique, le repas est considéré comme un moment de repos. Il faut aussi bien mastiquer, apprécier toutes les odeurs, textures, couleurs, odeurs… et ne manger ni trop vite, ni trop lentement. Falguni Vyas insiste enfin sur “la nécessité de ne pas trop manger et de toujours garder un peu de place dans son estomac”.
Adoptez le bon tempo
“En ayurvéda, on considère que le feu digestif est fort le matin, le plus puissant à midi et faible le soir, indique Claire Cascalès. Pour mobiliser au mieux les toxines, le dîner doit ainsi être plus léger et digeste – donc plutôt chaud et cuit – que les autres repas.”
Pas question par ailleurs de grignoter entre les repas : “L’ayurvéda recommande de ne pas rompre la succession séquentielle de la digestion, note Fabien Correch. Il n’est pas souhaitable d’ingurgiter de la nourriture si le cycle de la digestion du repas précédant n’est pas terminé.” Il faut au moins 3 h entre les prises alimentaires (thé, café ou infusion compris).
Entre chaque prise alimentaire, il faut compter au moins 3 heures, thé, café ou infusion compris.
Choisissez de l’ultra-frais
Exit plats préparés, produits transformés et raffinés… Ils n’apportent aucun nutriment intéressant pour l’organisme et, riches en sel, sucres et matières grasses, entravent la digestion et favorisent l’accumulation de toxines. On mise sur des aliments nature, bruts, de saison et bios de préférence.
On limite les surgelés et les conserves. “Pour apporter un maximum de vitamines, minéraux, antioxydants… les ingrédients doivent être le plus frais possible”, insiste Fabien Correch
Végétalisez votre assiette
“Difficiles à digérer, les protéines d’origine animale (viande, poisson, oeufs…) doivent être limitées, en fréquence comme en quantité”, recommande Falguni Vyas. L’assiette idéale est composée de céréales (boulgour, quinoa, millet…) + légumineuses (pois chiches, lentilles de toutes sortes, haricots secs…) + légumes + épices + huiles végétales de première pression à froid (colza, olive, sésame, noix…), et on peut ajouter un laitage (lassis, yaourts maison, fromages frais) en fin de repas et une poignée de graines et/ou d’oléagineux par jour.
On peut ponctuellement consommer de la viande (maigre) ou du poisson, mais en petite quantité, toujours au déjeuner et associés à des légumes.
Attachez-vous à la cuisson des aliments
Ainsi, ils sont plus faciles à digérer ! “La recette détox par excellence, c’est le kitchiri, indique Fabien Correch. On fait cuire un mélange à parts égales de céréales et de légumineuses (trempées au préalable) avec des légumes en dés et des épices dans 3 fois leur volume d’eau jusqu’à absorption.”
En plus d’être digeste car sur-cuite, cette préparation hydrate, rassasie, apporte des nutriments essentiels. Les fruits aussi doivent être cuits s’ils sont pris aux repas ou consommés 30 minutes avant le repas s’ils sont crus.
Consommez des mets fraîchement préparés
Pas de restes, ni d’aliments réchauffés qui perdent une grande partie de leurs nutriments ! Par ailleurs, “beaucoup d’aliments une fois chauffés puis refroidis modifient leurs propriétés chimiques, explique Fabien Correch. Certains légumes comme le navet, la laitue, le céleri, l’épinard… contiennent par exemple des nitrates qui chauffés une seconde fois deviennent des nitrites faisant partie des intoxicants.” On prépare tout juste avant de passer à table, et on ne garde rien.
Sirotez de l’eau chaude
À environ 37 °C, tout au long de la journée et notamment le matin et le soir, en la faisant bouillir au préalable. “Neutre, elle pousse l’organisme à renouveler ses fluide sen éliminant les toxines, note Claire Cascalès. C’est spectaculaire : en quelques jours, les résultats sont là.”
Trop fade ? On ajoute quelques gouttes de jus de citron ou du gingembre, plutôt le matin pour booster l’organisme.
Respectez les bonnes combinaisons
“On doit retrouver dans chaque plat une multitude de couleurs et les 6 saveurs – astringent, acide, doux, amer, sucré, piquant – qui activent chacune des différentes fonctions digestives et permettent une absorption optimale des nutriments”, précise Fabien Correch.
Attention en revanche à ne jamais associer d’éléments opposés comme du cru et du cuit ou du froid et du chaud ! Les fruits et les légumes crus doivent être consommés en dehors des repas.
Utilisez des épices
Cumin, curcuma, coriandre, gingembre, piment, cannelle : toutes boostent le feu digestif et doivent figurer au menu à chaque repas. “Mais attention elles doivent être utilisées en fonction de la tolérance de chacun“, met en garde Falguni Vyas.
Choisir les ingrédients selon les besoins de sa constitution
“Le propre de la diététique ayurvédique est de tenir compte des spécificités de chaque individu, insiste Claire Cascalès. Le choix et la température des ingrédients, le rythme des repas, les quantités doivent respecter les capacités digestives et les besoins nutritionnels de chacun.”
Selon la médecine traditionnelle indienne, il existe trois Doshas (matérialisation biologique des 5 éléments que sont le feu, l’air, la terre, l’eau, l’éther) : Pitta (feu), Kapha (eau et terre) et Vata (air et éther ou espace).
“Chaque individu est constitué des trois, indique Fabien Correch. Mais nous avons tous un ou deux Doshas prédominants dans l’organisme qui peuvent, en cas de déséquilibre, entraîner des perturbations digestives, métaboliques….” Pour optimiser l’élimination des toxines et des kilos en trop, il est donc primordial d’adapter les grands principes de la détox ayurvédique au Dosha dominant de chacun :
1. Si vous êtes Kapha – l’eau et la terre
Ça vous concerne si…
- Vous avez les cheveux épais et la peau grasse
- Vous n’avez ni froid, ni chaud
- Vous grossissez facilement et peinez à perdre le surplus
- Vous dormez bien, souvent trop
- Vous souffrez de lourdeurs d’estomac et de constipation
- Vous agissez et réfléchissez de façon lente et méthodique
- Vous aimez la sécurité, la routine, la nourriture
Pour équilibrer Kapha, il faut se limiter à deux repas par jour, limiter les quantités, privilégier les aliments les plus digestes possible, et manger et boire chaud. “L’alimentation doit être la plus variée possible à midi, indique Claire Cascalès. Mais très stricte le soir : pas de sucre, de sel, de graisses, de protéines animales.” Les saveurs à privilégier sont le pimenté, l’astringent et l’amer.
Quels aliments devez-vous privilégier ?
- Les céréales : sarrasin, seigle, maïs, millet
- Les légumineuses : pois chiche, haricot rouge, lentille corail, pois cassé
- Les produits animaux : poulet, oeuf, lapin, fruit de mer, gibier
- Les légumes : asperge, betterave, brocoli, carotte, chou, cresson, épinard, haricot vert, laitue, petit pois, persil, oignon, ail, navet, radis
- Les fruits : abricot, baies, cerise, fraise, pêche, prune, raisin
- Les oléagineux : à éviter, sauf occasionnellement : graines de tournesol, courge et pavot
2. Si vous êtes Pitta – le feu
Ça vous concerne si…
- Vous avez les cheveux et la peau à tendance grasse
- Vous avez plutôt chaud et transpirez facilement
- Vous prenez du poids facilement, mais pouvez le reperdre vite si vous le décidez
- Vous dormez bien et récupérez avec moins de 8 h de sommeil
- Vous digérez bien mais pouvez souffrir d’aigreurs ou de transit accéléré
- Vous aimez être efficace, tout comprendre et tout contrôler
- Vous êtes énergique et avez tendance à l’hyperactivité
Exit tout ce qui ravive le feu : excitants (café, thé…), les aliments pimentés ou fermentés et tout ce qui est trop chaud. “Pour calmer Pitta, on favorise les crudités, les jus de légumes, les fruits et légumes juteux et riches en eau, indique Falguni Vyas. Les saveurs doivent être douces.” On boit beaucoup d’eau en dehors des repas, sans attendre la soif. Il faut manger à heures régulières, en suivant bien son appétit.
Quels aliments devez-vous privilégier ?
- Les céréales : orge, riz, avoine, blé
- Les légumineuses : lentille noire, pois chiche, haricot mungo, tofu, haricot azuki
- Les produits animaux : viande blanche, lapin, blanc d’oeuf
- Les légumes : artichaut, asperge, bette, brocoli, céleri, cresson, concombre, épinard, laitue, panais, petit pois, persil, pomme de terre, roquette
- Les fruits : abricot, framboise, melon, orange, pastèque, prune, raisin
- Les oléagineux : noix de coco, graines de tournesol et de potiron
3. Si vous êtes Vata – l’air et l’espace
Ça vous concerne si…
- Vous avez les cheveux et la peau secs
- Vous avez souvent froid et transpirez peu
- Vous avez un sommeil léger et haché
- Vous vous fatiguez facilement
- Volubile, vous pouvez partir dans tous les sens
- Vous avez tendance aux ballonnements et à la constipation
- Vous êtes d’humeur joyeuse, spontanée, créative et changeante
Pour stabiliser l’organisme, il faut s’alimenter à heures régulières en fractionnant les prises alimentaires pour faciliter la digestion (5 petits repas plutôt que 3 gros). “Les aliments doivent être chauds et cuits, un peu épicés, indique Falguni Vyas. Le Vata a besoin d’ancrage : il faut consommer des huiles végétales, des oléagineux et des graines.”
Quels aliments devez-vous privilégier ?
- Les céréales : blé, épeautre, riz, avoine
- Les légumineuses : lentille corail, soja vert, tofu, lentilles noire et verte, fève
- Les produits animaux : oeuf, poulet, dinde, poissons frais, chèvre, boeuf
- Les légumes : asperge, carotte, concombre, cresson, haricot vert, oignon cuit, radis
- Les fruits : abricot, baies, cerise, fraise, melon, orange, pamplemousse, pêche, prune, raisin, rhubarbe
- Les oléagineux : noix et graines
Existe-t-il des contre-indications à la diététique ayurvédique ?
Ce n’est pas parce qu’une médecine prône une alimentation naturelle qu’elle est sans danger. Il existe certaines contre-indications, notamment en cas d’allergies à des aliments, à des compléments alimentaires, à des plantes (phytothérapie) ou à certaines essences (aromathérapie). En cas de grossesse, demandez l’avis de votre médecin.
Comment se déroule la première consultation de diététique ayurvédique ?
Deux catégories de professionnels peuvent assurer une consultation en diététique ayurvédique : soit un praticien de l’ayurvéda, soit un conseiller en alimentation ayurvédique.
S’il s’agit de votre première approche de la diététique ayurvédique, il est conseillé de prendre rendez-vous avec un praticien de l’ayurvéda qui vous proposera une consultation sur un spectre plus large, destiné à évaluer l’ensemble de votre mode de vie.
Chez ce type de praticien, la consultation débute par un bilan ayurvédique afin de déterminer votre constitution natale (la combinaison originelle de vos doshas) et votre état de déséquilibre. L’entretien est mené autour de l’observation, du toucher et de l’interrogation :
- examen du pouls, de la langue, des yeux, de la peau et des ongles ;
- renseignements sur vos habitudes de vie, l’état de votre digestion et de votre élimination (selle, urine, sueur), votre alimentation, votre sommeil, votre fonctionnement mental et émotionnel ;
- prise en compte de votre passé médical.
A l’issue de l’entretien, le praticien détermine un régime adapté à vos besoins nutritionnels selon la dominance de votre dosha (vata pour l’air, pitta pour le feu, kapha pour l’eau). La fréquence des séances dépend du praticien et du bilan. Le but est d’intégrer petit à petit les conseils du praticien pour opérer un changement en douceur de vos habitudes de vie.
Le bilan proposé par un conseiller en diététique ayurvédique est plus rapide car il porte uniquement sur la problématique de l’alimentation. L’examen des pouls, des yeux et de la langue n’est pas systématique.
Durée et prix d’une séance de diététique ayurvédique
Une consultation en diététique ayurvédique dure environ une heure. Elle comprend l’analyse des trois doshas et des conseils pour une hygiène de vie et un régime alimentaire meilleurs. Le prix moyen se situe entre 50 et 100 euros, non remboursables par la Sécurité sociale.
Comment bien choisir son diététicien ?
La diététique ayurvédique n’est pas une pratique médicale reconnue et enseignée comme telle dans les facultés de médecine françaises Cependant, la plupart des éducateurs de santé en ayurvéda disposent d’une formation supplémentaire de diététicien ou de massage. Comme pour la médecine ayurvédique en général, les conseils prodigués en diététique ne remplacent en aucun cas un traitement médical approprié à une maladie.
Certains instituts privés délivrent des diplômes en ayurvédique après une à quatre années d’études. Ces formations ne sont pas reconnues officiellement par l’Etat, contrairement à l’Inde où il existe une formation universitaire ayurvédique. Il n’y a donc pas aujourd’hui en France de diplôme d’Etat en ayurvéda.
Il est cependant recommandé de choisir son praticien dans l’annuaire d’une association reconnue comme l’association des professionnels en ayurvéda.