Hospitalisations de plus en plus courtes : quels risques et quels atouts ?

Quelques heures après une intervention chirurgicale, vous êtes de retour chez vous. Une situation parfois stressante, mais qui permet de se rétablir dans de meilleures conditions. La prise en charge en ambulatoire n’a-t-elle que des bons côtés ? 

Près de 60 % des interventions chirurgicales se font aujourd’hui en ambulatoire. Vous entrez le matin à l’hôpital, vous en ressortez dans la journée. Cette évolution s’est faite grâce aux progrès des techniques chirurgicales : plus simples, moins lourdes.

Dans le même temps, certains patients opérés bénéficient d’une Récupération améliorée après chirurgie (RAAC), une prise en charge complète visant à vous remettre sur pied rapidement. La RAAC et l’ambulatoire se complètent à toutes les étapes.

Ambulatoire et RAAC : le corps moins agressé

Il n’est plus question, par exemple, de vous priver de boire et de manger la veille de l’intervention. Au contraire, vous pouvez vous alimenter jusqu’à 6 heures avant de partir au bloc. Les boissons, même sucrées (sauf en cas de diabète), sont autorisées maximum deux heures avant. En assouplissant le jeûne, on limite le risque d’hypoglycémie, de nausées et de vomissements dans la phase de réveil.

Autre innovation : certains patients se rendent au bloc opératoire à pied ! “La personne est debout, digne et détendue. Elle est moins stressée et gérera mieux la douleur après l’intervention”, dit le Pr Karem Slim, chirurgien au CHU de Clermont-Ferrand. Elle ne reste pas non plus alitée et se lève très rapidement après l’opération.

La sécurité n’est pas sacrifiée pour autant 

Le malade quitte l’hôpital dans des conditions précises : pas de fièvre, pas de douleur nécessitant un traitement autre que par voie orale, pas de saignement… Ce protocole est appliqué dans de très nombreux cas.

“La limite de l’ambulatoire, c’est le patient, pas le geste chirurgical”, estime le Pr Corinne Vons, chirurgienne à l’hôpital Avicenne, à Bobigny.

De fait, les personnes à haut risque hémorragique ou fragilisées par des pathologies associées, restent plusieurs jours à l’hôpital.

Moins de complications suite à de courtes hospitalisations

Des études ont montré que ces hospitalisations courtes limitent les risques postopératoires. “Le risque de complications, et notamment d’infections, est diminué de 40 à 50 %. Il n’y a pas plus de réadmissions”, assure le Dr Slim.

Dans ce contexte, le patient devient acteur de sa santé. De retour à domicile, il doit être capable de surveiller son état (fièvre, douleur, aspect de la cicatrice…) et d’alerter en cas de problème. Un rôle valorisant, mais qui peut aussi être source d’anxiété.

L’information doit toutefois être améliorée

L’information, c’est le point faible. Elle n’est pas toujours bien expliquée ou assimilée. Seuls 50 % des services pratiquant la chirurgie ambulatoire ont mis en place une consultation spéciale, assurée par une infirmière, après la consultation obligatoire d’anesthésie. Une enquête de la Haute autorité de santé montre que, si le score global de satisfaction des patients pris en charge en ambulatoire en 2019 était de 76,4 sur 100, la note attribuée au retour à domicile était moins bonne : 68,6 sur 100.

Les principaux griefs : le manque d’information, l’absence de contacts avec l’équipe médicale après la sortie. “Tout doit être expliqué en préopératoire et réexpliqué au patient”, martèle le Pr Vons. Il reste des progrès à accomplir.

De l’entrée à la sortie de l’hôpital : ce que vous devez savoir

  • Avant l’intervention : Après les consultations préparatoires (chirurgien, anesthésiste, infirmière), assurez-vous d’avoir toutes les informations et ordonnances nécessaires. 
  • La veille de l’opération : l’hôpital vous informe de l’heure d’admission et des modalités d’accueil.
  • Le jour J : après l’intervention, vous restez quelques heures sous surveillance. Vous quittez l’hôpital avec un proche (obligatoire après une anesthésie générale ou locorégionale, munis de numéros à appeler en cas de problème, 24 h sur 24. 
  • De retour à la maison : l’équipe médicale maintient le contact le temps nécessaire, par téléphone, sms ou vidéo. 

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