Botox, acide hyaluronique… avec quelque 221 650 injections antirides par an, ce sont les actes de médecine esthétique les plus pratiqués en France. Ces injections de produits résorbables entraînent parfois, selon les produits, des réactions. Actuellement, les effets indésirables sévères se situent entre 0,1 et 1 %.
Le Botox et l’acide hyaluronique sont des produits résorbables, c’est-à-dire qu’ils sont dégradés naturellement par la peau au fil du temps. Le résultat est donc transitoire, mais c’est un gage de sécurité. Le risque de réaction est bien moindre qu’avec un produit qui reste de façon permanente dans la peau. Ces deux produits injectés n’obéissent toutefois pas à la même réglementation.
La toxine botulique est un médicament
Ce médicament dispose d’une autorisation de mise sur le marché. Utilisé depuis les années 1970, c’est un produit sûr. En France, trois marques de ce décontractant musculaire localisé sont utilisées en esthétique. Seuls les chirurgiens (chirurgie maxillo-faciale, chirurgie de la face et du cou et chirurgie plastique reconstructrice et esthétique), les dermatologues et les ophtalmos sont autorisés à l’injecter.
Contre-indication : elle ne doit pas être utilisée chez les personnes souffrant de certaines maladies musculaires (myasthénie…).
L’acide hyaluronique est un dispositif médical
Cette grosse molécule de sucre hydratant, qui corrige les volumes, relève du dispositif médical, au même titre que les prothèses mammaires ou les pansements. Ce dispositif invasif (parce qu’injecté dans la peau) n’est donc pas considéré comme un médicament. Il est assujetti au marquage CE, qui garantit uniquement la qualité sanitaire de la formule.
En France, une centaine de produits est commercialisée par 35 fabricants, ils sont contrôlés régulièrement par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), avec l’aide d’experts externes. Tous les médecins peuvent l’injecter dans le visage.
Contre-indication : il ne doit pas être utilisé chez les personnes ayant fait des injections avec des produits permanents, souffrant de maladies auto-immunes actives, et chez celles ayant des cicatrices chéloïdes, un état cicatriciel inflammatoire.
Bien choisir le praticien
Pas toujours facile de choisir son médecin, d’autant que la médecine esthétique n’est pas reconnue par le Conseil national de l’ordre des médecins. Préférez un praticien ayant suivi une formation spécialisée. « L’anatomie du visage étant peu étudiée au cours des études de médecine, certains diplômes permettent aux médecins d’apprendre les techniques d’injections », explique le Dr Cécile Winter.
Le praticien doit vous questionner sur vos antécédents médicaux, les traitements en cours (si vous prenez des anticoagulants, ces injections sont contre-indiquées). Il faut lui signaler tout traitement esthétique antérieur : l’injection d’un produit résorbable sur un non-résorbable, même plusieurs années après, peut entraîner des effets secondaires indésirables.
Le praticien doit aussi vous fournir un devis indiquant la qualification du médecin, son numéro d’immatriculation au Conseil de l’ordre et les références des produits injectés. Ce devis doit être accompagné d’un consentement éclairé à signer, mais aussi d’explications orales sur les précautions à prendre et les éventuels effets secondaires.
Le jour J (après 15 jours de réflexion), le médecin doit enfiler des gants avant de vous piquer, utiliser du matériel stérile, démaquiller la peau et la désinfecter. Il a pour obligation de vous communiquer ce qu’il a injecté (nom, fabricant, numéro de lot), et doit vous fournir l’étiquette de la seringue. Si ce n’est pas le cas, demandez votre cahier d’injections.
« Le médecin doit être joignable dans les deux ou trois jours qui suivent l’intervention, ajoute le Dr Martine Baspeyras. En cas de doute sur une réaction, envoyez-lui un selfie. »
Produits résorbables antirides : quels risques ?
Comme pour tout acte médical, il en existe. D’abord des risques esthétiques, si le résultat ne convient pas. Mais aussi des risques médicaux. Selon l’ANSM, les effets indésirables liés aux injections d’acide hyaluronique toucheraient 0,1 à 1 % des personnes.
Les plus fréquents – œdèmes, petits saignements ou hématomes – s’estompent en quelques jours. Rare, l’allergie à l’acide hyaluronique existe, provoquant une réaction inflammatoire localisée type urticaire. Chez certaines femmes, des nodules peuvent apparaître et créer une petite boule au niveau de la zone injectée, parfois plusieurs mois après l’intervention. Les globules blancs attaquent l’acide hyaluronique pour le digérer et meurent. Ce nodule est soigné par des traitements anti-inflammatoires à base de corticoïdes et des massages, ou ponctionné.
Il peut également arriver que l’acide hyaluronique soit injecté dans une artère et la bouche. « C’est la complication la plus grave », souligne le Dr Ludovic Lievain. Elle peut provoquer des nécroses cutanées ou des emboles vasculaires (sortes de caillots). L’injection avec une canule à bout rond permet d’éviter ce phénomène. Ces problèmes restent rarissimes et peuvent être résolus si le médecin réagit tout de suite en injectant de la hyaluronidase, enzyme qui dissout l’acide hyaluronique. Soumise à une AMM, celle-ci est autorisée exclusivement en cas de complication vasculaire. Seuls les chirurgiens, dermatologues et ophtalmos disposent de cet antidote. « La douleur, la peau qui devient blanche ou la vision qui se trouble doivent être des signes d’alerte », rappelle le Dr Lievain.
Du côté de la toxine botulique, on ne recense aucun cas d’effet secondaire lié à la molécule elle-même.
Pour savoir ce qu’il en est vraiment des différentes techniques visant à estomper des rides, repulper la peau, stimuler la régénération cellulaire, écoutez cet épisode d’Hypercondriaque, le podcast de prévention de Santé Magazine. Aline Perraudin, directrice de la rédaction, reçoit la Pr Brigitte Dréno, cheffe du service de dermato-cancérologie au CHU de Nantes et membre du comité scientifique de Santé magazine.