Comment soulager les reflux gastriques ?

Les remontées acides ne doivent pas être négligées. Les médicaments soulagent efficacement, mais on les soupçonne d’effets secondaires. Alors, comment bien prendre en charge ces reflux gastro-oesophagien – plus connus sous le nom de brûlures d’estomac ?

Cette sensation désagréable de brûlure après un repas, beaucoup l’ont expérimentée. “30 % des adultes souffrent de reflux gastro-œsophagien  (RGO) au moins une fois par mois, 5 à 10 % toutes les semaines”, estime le Pr Frank Zerbib, gastro-entérologue au CHU de Bordeaux.

Le symptôme est banal, dès lors qu’il reste ponctuel. Mais, à long terme, les remontées acides peuvent endommager la muqueuse de l’oesophage : “Ce que nous craignons le plus, c’est que la muqueuse change de nature sous l’effet du reflux chronique”, observe le Pr Zerbib. Cette mutation, appelée oesophage de Barrett, est un facteur de risque de cancer.

“Le risque est très faible, mais il justifie que l’on pratique un dépistage par endoscopie chez les personnes de plus de 50 ans souffrant de reflux gastrique. Il n’y a pas besoin de répéter l’examen s’il est normal. Une seule fois suffit”, insiste le Pr Zerbib.

Le reflux gastrique : comment ça marche ?

Au lieu de rester dans l’estomac, le suc gastrique, dont l’acidité permet de digérer les aliments, remonte le long de l’oesophage. La valve qui sépare celui-ci de l’estomac ne fait plus office de barrière.

Il se caractérise par deux symptômes typiques :une sensation de brûlure derrière le sternum, des remontées de liquide acide. Plus rarement, le malade ressent des maux de gorge, une toux chronique, une douleur thoracique…

Avant de consulter un gastroentérologue, un bilan ORL ou cardiaque s’impose.

Évitez les régimes antiacides en cas de RGO

La plupart des personnes souffrant de RGO identifient les aliments qu’elles ne supportent pas. Il s’agit de susceptibilités individuelles. D’une manière générale, il n’existe pas de régime antiacide universel. En revanche, “trois règles hygiéno-diététiques ont fait la preuve de leur efficacité”, assure le Pr Zerbib :

  • respecter un délai de deux à trois heures entre le repas du soir et le coucher,
  • perdre du poids pour réduire la pression abdominale
  • et surélever la tête du lit de 45 degrés.

Les médicaments peuvent être utiles après un excès de table ou pour un reflux chronique.

Quels médicaments si vos symptômes sont ponctuels ?

Les pansements gastriques et les antiacides en vente libre (bicarbonate ou alginate de sodium, carbonate de calcium) agissent vite, mais sur une durée limitée. “Le médicament reste dans l’estomac où il tamponne l’acidité. Ces produits ne sont pas adaptés à une prise quotidienne répétée sur de longues périodes”, rappelle le Pr Zerbib.

Certains inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), efficaces sur 24 heures, sont disponibles sans ordonnance. Le gastro entérologue les déconseille en automédication “non pas en raison d’un risque potentiel, mais pour ce que la prise de ce type de médicaments cache. Il vaut mieux avoir un avis médical”.

Que faire en cas de brûlures d’estomac fréquentes ?

Si les brûlures d’estomac reviennent plusieurs fois par semaine, le médecin peut prescrire des médicaments spécifiques, qui passent dans le sang. Différentes classes existent, les IPP étant les plus largement utilisés. Ils soulagent le reflux dans 70 à 80 % des cas. Ils peuvent être pris à la demande, en cure de trois à quatre semaines ou, dans de rares cas, au long cours.

Sauf cas exceptionnel, la prise quotidienne d’IPP sur de longues périodes n’est pas recommandée.

Des études récentes ont suggéré un risque d’effets secondaires lié aux modifications du microbiote intestinal. Une alerte que le Pr Zerbib tient à nuancer : “Il n’y a pas de données suffisamment robustes. Seuls des cas de carence en magnésium et d’infection intestinale chez certains patients ont été montrés. Ce petit risque est largement compensé par les bénéfices si le traitement est pris à bon escient.” 

Seule alternative aux médicaments, la chirurgie est parfois proposée. Mais reconstruire une valve entre l’estomac et l’oesophage n’est pas un geste anodin. Ce type d’intervention est réservé à des profils particuliers.

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